Un projet de loi sur la fin de vie pourrait être déposé devant le Parlement d’ici la fin de l’année. Des rapports et des avis rendus publics ces derniers mois ont demandé des améliorations de la loi Leonetti. Cependant, améliorer la législation, ce n’est pas la changer fondamentalement. Le sujet est trop grave pour ne pas agir avec prudence.
Contrairement à d’autres [1] , l’avis rédigé par un « panel de citoyens » [2] propose de légaliser le « suicide médicalement assisté », sous condition d’une demande expresse d’une personne en fin de vie ou atteinte d’une maladie jugée irréversible. Aider un malade à mettre lui-même fin à ses jours ou provoquer délibérément la mort d’un patient à sa demande, ce qui est proprement appelé euthanasie, sont inacceptables. L’avis admet même la pratique de l’euthanasie sans consentement de la personne devenue incapable de s’exprimer !
Le suicide est souvent présenté de nos jours comme « une ultime liberté ». Mais en même temps, on s’alarme, à juste titre, des taux élevés de suicides particulièrement chez les jeunes et les personnes âgées. Comment réagir contre la banalisation du suicide et en faire en même temps la promotion ? Comment pourrions-nous juger nécessaire d’aider certaines personnes à affronter un épisode de détresse pour éviter l’irréparable, et, par ailleurs, encourager et assister d’autres personnes dans leur volonté de mourir ? Qui deviendrait le juge des vies qui ne valent plus d’être vécues ? Il serait discriminatoire d’estimer aussi différemment la valeur de la vie des uns et des autres.
Notre conviction profonde est qu’un changement législatif ne peut avoir pour objectif que de rendre plus manifeste le respect dû à toute personne en fin de vie. Cela passe par le refus de l’acharnement thérapeutique, le refus de l’acte de tuer ; ainsi que par le développement des soins palliatifs et le renforcement des solidarités familiales et sociales.
Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France
Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille, Président
Mgr Pierre-Marie CARRÉ, Archevêque de Montpellier, Vice-président
Mgr Pascal DELANNOY, Évêque de Saint-Denis, Vice-président
Cardinal André VINGT-TROIS, Archevêque de Paris
Mgr Jean-Claude BOULANGER, Évêque de Bayeux et Lisieux
Mgr François FONLUPT, Évêque de Rodez et Vabres
Mgr Jean-Paul JAMES, Évêque de Nantes
Mgr Hubert HERBRETEAU, Évêque d’Agen
Mgr Stanislas LALANNE, Évêque de Pontoise
Mgr Benoît RIVIÈRE, Évêque d’Autun, Chalon et Mâcon
[1] Notamment, Comité consultatif national d’éthique, Avis n° 121, Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir, 30 juin 2013.
[2] Conférence de citoyens sur la fin de vie, Avis citoyen, 14 décembre 2013. 18 personnes réunies par l’IFOP.
[3] Cf. Commission de réflexion sur la fin de vie en France, Penser solidairement la fin de vie, Rapport à François Hollande, Président de la République française, décembre 2012, Partie I, § I.1 : L’esquive de la mort.
[4] Livre de l’Exode - Chapitre 20, 13.
[5] Cf. Louis-Marie Billé, Président de la Conférence des évêques de France, « Un compromis impossible », Communiqué de presse, 4 mars 2000.
[6] Jean-Paul II, Evangelium Vitae, 25 mars 1995, § 67.
[7] Cf. Comité consultatif national d’éthique, Avis n° 121, Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir, 30 juin 2013, 3° Partie, III.2.
[8] Code de la santé publique, art. L1110-9.