Pourquoi est-il nécessaire d’être baptisés ?

8 juillet 2012

Benoit XVI - 11.6.2012

Nous avons déjà entendu que les dernières paroles du Seigneur sur cette terre à ses disciples, ont été : « Allez, de toutes les nations faites des disciples et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (cf. Mt 28, 19). Faîtes des disciples et baptisez-les. Pourquoi n’est-il pas suffisant pour devenir un disciple de connaître les doctrines de Jésus, de connaître les valeurs chrétiennes ? Pourquoi est-il nécessaire d’être baptisés ? Tel est le thème de notre réflexion, pour comprendre la réalité, la profondeur du sacrement du baptême.
 Une première porte s’ouvre si nous lisons attentivement ces paroles du Seigneur. Le choix du mot « au nom du Père » dans le texte grec est très important : le Seigneur dit « eis » et non « en », c’est-à-dire qu’il ne dit pas « au nom » de la Trinité — comme nous disons qu’un vice-préfet parle « au nom » du préfet, qu’un ambassadeur parle « au nom » du gouvernement : non. Il dit : « eis to onoma », c’est-à-dire qu’il s’agit d’une immersion dans le nom de la Trinité, d’être insérés dans le nom de la Trinité, d’une interpénétration de l’être de Dieu et de notre être, d’être plongés dans le Dieu Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, de même que dans le mariage, par exemple, deux personnes deviennent une chair, deviennent une nouvelle, unique réalité, avec un nom nouveau, unique.
 Le Seigneur nous a aidés à comprendre encore mieux cette réalité dans son entretien avec les Sadducéens à propos de la résurrection. Les Sadducéens ne reconnaissaient dans le canon de l’Ancien Testament que les cinq Livres, de Moïse et, dans ceux-ci, la résurrection n’apparaît pas ; c’est pourquoi ils la niaient. Le Seigneur, précisément à partir de ces cinq Livres, démontre la réalité de la résurrection et dit : Vous ne savez pas que Dieu s’appelle Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ? (cf. Mt 22, 31-32). Dieu prend donc ces trois personnes et, précisément dans son nom, celles-ci deviennent le nom de Dieu. Pour comprendre qui est ce Dieu, on doit voir ces personnes qui sont devenues le nom de Dieu, un nom de Dieu, qui sont plongées en Dieu. Et ainsi, nous voyons que celui qui est dans le nom de Dieu, qui est plongé en Dieu, est vivant, parce que Dieu — dit le Seigneur — est un Dieu non pas des morts, mais des vivants, et s’il est le Dieu de ceux-ci, il est le Dieu des vivants ; les vivants sont vivants parce qu’ils sont dans la mémoire, dans la vie de Dieu. C’est précisément ce qui arrive dans notre condition de baptisés : nous devenons insérés dans le nom de Dieu, de sorte que nous appartenons à ce nom et Son nom devient notre nom et nous aussi nous pourrons, avec notre témoignage — comme les trois personnages de l’Ancien Testament —, être des témoins de Dieu, signe de qui est ce Dieu, nom de ce Dieu.
 Être baptisés signifie donc être unis à Dieu ; dans une unique, nouvelle existence, nous appartenons à Dieu, nous sommes plongés en Dieu lui-même. En pensant à cela, nous pouvons immédiatement en voir certaines conséquences.
 La première est que Dieu n’est plus très éloigné pour nous, il n’est pas une réalité dont débattre — s’il existe ou s’il n’existe pas —, mais nous sommes en Dieu et Dieu est en nous. La priorité, le caractère central de Dieu dans notre vie est une première conséquence du baptême. À la question : « Dieu existe-t-il ? », la réponse est : « Il existe et il est avec nous ; cette proximité de Dieu touche notre vie, cet être en Dieu lui-même, qui n’est pas une étoile lointaine, mais qui le lieu de ma vie ». Cela serait la première conséquence et devrait donc nous dire que nous devons nous-mêmes tenir compte de cette présence de Dieu, vivre réellement dans sa présence.

Benoit XVI au Congrès du diocèse de Rome - 11.6.2012