C’est pour mon fils adoptif que c’est dur !

4 février 2013

J’ai eu à vivre ce qu’aucun homme ne souhaite pour son épouse : un accouchement en rase campagne.

Par Pierre Durieux 

Si j’ai quelques belles figures dans mon arbre généalogique, je suis aussi le fruit de quelques adultères... J’ai failli rompre mes fiançailles parce que ma bien-aimée était enceinte. Rassuré par un songe, j’ai poursuivi ma route avec elle et cet enfant, qui pourtant n’était pas mien. 
Puis, nous avons dû nous acquitter d’une stupide démarche administrative au plus mauvais moment qu’on ait pu imaginer. Arrivés aux bureaux de l’occupant recenseur, il manquait un abri humain… J’ai eu à vivre ce qu’aucun homme ne souhaite pour son épouse : un accouchement en rase campagne. 

Sur place, impossible de rester discret avec cet astre qui nous surplombait, la visite des bergers du coin et, incompréhensiblement, des personnes venues de plus loin, qui offrirent de l’or et de l’encens, merci, mais de la myrrhe ? Vous offririez un cercueil comme cadeau de naissance, vous ? 
Suite à quoi, j’ai dû partir avec ma petite famille pendant deux ans en Égypte, poursuivi par des militaires sanguinaires. Enfin en sécurité et presqu’installé, j’ai été averti qu’il fallait repartir à nouveau… 

En pèlerinage à Jérusalem, j’ai perdu Celui qui m’avait été confié et qui, alors que je le retrouvais, m’a bien fait comprendre qu’il devait s’occuper de son vrai Père. 

Je meurs relativement jeune et je laisse une femme seule avec un fils qui allait être condamné à mort. 

Vous voyez, la Sainte Famille n’était pas la famille rêvée : la vie ne nous a pas épargnés ni les questions, ni les angoisses. Mais j’ai accompagné dans la justice et la confiance, et comme j’ai pu, le Fils de Dieu et sa Maman, pendant toutes ces années, avec l’épée de Damoclès sur son coeur, et un peu sur le mien… 

J’ai été très aimé, c’est vrai. Mais, c’est pour mon fils adoptif que c’est dur, car il ne cesse d’offrir son amour, trop souvent sans retour. Alors, à celui qui pense que ma vie était facile, de grâce, dites-lui que ce n’est pas par hasard si j’ai été affecté au compagnonnage des familles du monde entier, dans leurs joies et dans leurs épreuves. 

Joseph 



« Le Seigneur a réuni en lui, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » 
Saint Grégoire de Nazianze 

Source : Editorial d’Eglise à Lyon, n°2, février 2013, p.3.